Señor Météo

 

« En avril ne te découvre pas d'un fil », les dictons issus de la sagesse populaire ont pendant des siècles tenus le rôle du présentateur météo. Avant cela le rôle était tenu par les oracles et devins, qui observaient le vol des oiseaux et les entrailles de poulet.

Pour que l'on puisse maintenant prévoir et non prédire, il a fallu une bien meilleure connaissance de la physique. Le but de notre sélection de la semaine sur la page d’accueil de LivresAnciens.com est de vous proposer un échantillon des travaux qui ont contribués à l’avancement des sciences météorologiques.

Aujourd’hui la météorologie reste une science à la pointe de la technique, utilisant satellites et supercalculateurs pour savoir si vous devrez prendre votre parapluie mardi prochain.

Pour comprendre comment se fabrique les prévisions, nous vous conseillons cette conférence de Joel Collado en octobre 2019 à Rennes qui donne un bon aperçu des progrès et limites actuelles de la météorologie.

https://youtu.be/nrBucgnvj3s

Collado termine son exposé par la problématique du changement climatique qui est au cœur de bien des discussions politiques à l’heure actuelle.

Parmi les livres que nous vous proposons cette semaine, vous trouverez un ouvrage précurseur de l’étude du climat:

FUSTER, Des Changements dans le climat de la France, histoire de ses révolutions météorologiques, Paris, Dufart, 1840.

https://www.livresanciens.com/index.php?livre=200596

« Le climat de la France a changé et change journellement. La nature et l’homme travaillent sans relâche et en commun à hâter ces changements. On douterait mal à propos de leurs efforts infatigables ; le ciel, la terre et les eaux en conservent à chaque pas des témoignages non équivoques ; les investigations bien dirigées nous mettent aisément sur leurs traces ; beaucoup d’observateurs les constatent… »

Ainsi commence le premier chapitre, il pourrait être écrit aujourd’hui à l’identique, au mot près.

L’un des chapitres finaux intitulé "De l'action des phénomènes météorologiques et de l'industrie de l'homme comme causes des changements de notre climat" résonne comme un étrange écho aux rapports du GIEC avec 150 ans d’avance.

Plus que nous livrer ses intéressantes intuitions, Fuster s’est penché sur l’histoire pour en tirer des indices sur le climat : dates de récoltes, famines, hivers mémorables… De toutes ses données qu’il nous livre scrupuleusement, il en déduit que les températures n’ont cessé d’augmenter depuis l’occupation romaine jusqu’à un maximum qu’il situe au XIIème siècle, le climat se dégradant ensuite.

C’est exactement ce que nous dit la compilation des données scientifiques actuelles (voir courbe ci-dessous). Nous avons connu une période chaude médiévale avec un optimum autour du XIème siècle et un petit âge glaciaire qui a perduré jusqu’au milieu du XIXème siècle, moment où Fuster écrit son livre.