Je ne fais pas durer le suspense plus longtemps, la réponse
est : Oui…si on travaille dans l’administration française !
Au-delà de la boutade, qui prend encore plus de sens après la gestion des différentes crises dernières, c’est la conclusion de Feuillet et al.
dans un article paru en 2007 dans The Lancet et malicieusement intitulé :
« Brain of a white-collar worker »
(https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2807%2961127-1/fulltext)
Cet article décrit un cas clinique tout à fait fascinant. Un
homme de 44 ans, marié avec deux enfants et travaillant dans l’administration,
consulte pour des douleurs persistantes à la jambe. On lui prescrit un IRM pour
compléter son tableau neurologique, IRM qui révèle à la stupéfaction des
radiologues une boite crânienne vide ! (cf. photos en bas d’article). Ce
qui ne ressemble en rien aux structures décrites par Retzius dans son
monumental atlas : https://www.livresanciens.com/index.php?livre=200194
Vide…ou presque, l’homme est en fait atteint d’hydrocéphalie.
C’est-à-dire que les ventricules de son cerveau, cavités qui produisent le
liquide cephalo-rachidien dans lequel baigne l’encéphale, sont hypertrophiés et
ont poussés vers l’extérieur tous les neurones (suite à la sténose du foramen
de Magendie : https://www.livresanciens.com/index.php?livre=100644).
En fait son cerveau persiste toujours mais est plaqué contre
la boite cranienne, c’est la petite couche grise périphérique que l’on voit sur
les IRM.
L’histoire de la médecine connaissait depuis longtemps les
microcéphalies et les anencéphalies, malformations du développement du cerveau
qui ont malheureusement été en recrudescence avec l’épidémie du virus Zika.
Mais les enfants qui présentent ces malformations ont de lourds handicaps
mentaux et fonctionnels et peu atteignent l’âge adulte.
Notre homme n’est pas polytechnicien, il a un QI évalué à
75, mais il a une vie sociale tout à fait normale.
Le secret du cerveau du « col-blanc » qui nous
occupe est son adaptabilité. C’est en effet petit à petit que son hydrocéphalie
s’est installée et c’est petit à petit que son cerveau s’est adapté à
fonctionner confiné dans un espace réduit.
C’est grâce à de tels
cas clinique que la connaissance du cerveau a toujours progressé, je vous donne
d’ailleurs rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel article sur le sujet
dans lequel on se demandera si Descartes avait la bosse de maths en compagnie
de Gall, Broca et Philippe Charlier.