Marat aurait pu lui aussi crier
« Eurêka ! » dans son bain mais son destin balnéaire fut tout
autre. Nous connaissons tous le Marat révolutionnaire, député montagnard de la
Convention, rédacteur de l’Ami du Peuple, assassiné par Charlotte Corday en
juillet 1793.
Mais on connait moins la carrière
de Marat avant la Révolution française, celui qui fut Médecin des gardes du
comte d’Artois et qui se prit d’une toquade pour la Science et en particulier
pour la Physique.
Nous avons mis en ligne cette
semaine les Recherches Physiques sur l'Electricité publiées par Marat en 1782. https://www.livresanciens.com/index.php?livre=200965
C’est l’occasion de revenir sur
cet aspect méconnu de la biographie du révolutionnaire.
Je vous invite à lire en
intégralité l’article qu’a consacré Louis Jacob à Marat physicien dans la Revue
du nord en 1947 (Jacob Louis. Marat
physicien. In: Revue
du Nord, tome 29, n°114, Avril-juin 1947. pp. 81-86. / https://doi.org/10.3406/rnord.1947.1901).
L’article, en prenant le parti de
Bertholon à travers sa correspondance, est très dur pour Marat. Il y est montré
comme s’attaquant à la légère à Newton, Franklin et Bertholon…sans connaitre
les bases des expériences menées par ces grands scientifiques.
« Quant (sic) un homme, dans
ce siècle attaque les paratonnerres, comme Marat l’a fait, il ne mérite que le
souverain mépris ; et c’est ce qu’il vient d’obtenir ; car personne
ne le réfute. »
« Je crois punir davantage
cet homme en ne le réfutant point, il ne désire qu’une réfutation pour pouvoir
tirer un moment ses ouvrages du néant où ils sont rentrés. D’ailleurs cet homme
ne sait rien en électricité ».
Bertholon enterre donc Marat,
pointant son manque de rigueur. Marat ne rentrera jamais à l’Académie des
Sciences à laquelle il avait candidaté.
Au-delà du cas de Marat,
Bertholon montre la difficulté qu’ont les scientifiques à gérer les
propositions des pseudo-scientifiques. Ne pas les réfuter leur permet de
croitre sans contradictions, les réfuter leur donne une mise en lumière qu’elle
ne mérite pas.